_Qu’il est doux d’imaginer la réussite, les succès, les résultats des projets menés jusqu’à leur terme… Mais qu’il est amer ce moment où la réalité envoie tout valser !
Alors quand un dirigeant perd son sens des réalités, Laëtitia sait le raisonner !_
Une fois n’est pas coutume, nous troquons notre uniforme pour un habit de gala. Un chef d’entreprise, craignant l’espionnage de ses concurrents, nous a demandé de venir, par pure prévention.
Pendant ce séminaire annuel, les équipes du monde entier sont conviées pour parler objectifs, avenir de l’entreprise et vision à long terme. Toute la journée, discours et projections s’enchainent.
La Co(ach)missaire n’en perd pas une miette :
« C’est amusant comme on rêve tous de quelque chose sans pour autant visualiser les étapes qui nous y mèneront, tu ne trouves pas ? »
C’est vrai. À aucun moment de la journée les intervenants n’évoquent les possibles moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs, ou les difficultés que leurs employés pourraient rencontrer. Ils ne partagent que leur vision du résultat final idéal.
Alors, plus le temps passe, plus je sens Laëtitia s’agiter.
Ce moment pourrait être hautement plus productif. Il pourrait créer de nouvelles énergies, souder les équipes entre elles et vers l’objectif, être le point de départ d’une année prospère.
Au lieu de cela il est gâché par un idéalisme forcené, associé à un manque de réalisme et obscurci par une objectivité biaisée…
Et à juste titre !
On a besoin de visionnaire dans les entreprises, qui rêvent l’avenir et le partagent lors de ces séminaires. Mais il ne faut pas oublier les opérationnels qui le rendent possible !
L’expérience de la Co(ach)missaire le lui a prouvé : un œil extérieur et pragmatique sait observer ce qui parait bien rodé pour y déceler le détail susceptible tout ruiner.
Ne tenant plus, Laëtitia s’exfiltre de sa place et rejoint les coulisses de la scène où le PDG est en train de s’exprimer.
« Pssst …. »
L’homme ne semble pas entendre et continue son monologue.
« PSSSST … »
Il se tourne et, agacé, cherche d’où vient la perturbation. Il aperçoit alors le visage de l’enquêtrice. Elle a les sourcils froncés et, d’un geste, lui fait comprendre qu’il faut arrêter. Sur ses lèvres on peut lire :
« Ça ne va pas du tout ! »
L’homme passe de l’agacement à l’inquiétude. S’il apprécie Laëtitia, c’est avant tout pour son sérieux et sa franchise. Il sait qu’elle ne l’interromprait pas pour rien.
Tandis que la salle s’étonne de cet entracte inopiné, le dirigeant écoute attentivement la Co(ach)missaire.
« Vous m’avez fait venir pour de l’espionnage, mais je peux vous assurer qu’à l’heure actuelle, il n’y a rien dérober ! Je m’excuse d’être crue, mais si vous vous attendez à ce que vos équipes se mettent au travail après cette journée, vous vous muez en tueur de projets en série, vous courrez à l’échec ! »
L’homme encaisse sans broncher, un bon PDG sait se remettre en question.
« Vous devez leur permettre de s’approprier votre vision. De se concerter pour imaginer comment l’atteindre. De coconstruire la route du succès en y incluant également les échecs, les impasses, les risques possibles. Il ne s’agit pas d’être pessimiste, mais d’en prendre conscience avant même de se mettre au travail. Plus elle sera réaliste, plus elle aura de chances de faire adhérer les collaborateurs à votre vision et donc d’y emmener l’entreprise. Et plus les équipes seront parties prenantes du projet d’entreprise, plus elles sauront contourner les obstacles lorsqu’ils feront surface.
« Je comprends. Qu’est-ce que vous me conseillez ? Un discours ? »
Laëtitia rit. « Assez de crimes pour le moment. Je vous propose un peu d’intelligence collective ludopédagogique. Nous allons les faire passer à l’action et construire un pont, une passerelle qui nous mènera d’aujourd’hui à la réalisation de vos objectifs. Un édifice dont les piliers seront la force collective de vos équipes ! »
Et devant les yeux ahuris de son interlocuteur, Laëtitia sortit de son sac des boites de legos et de la pâte à modeler.
Appel à témoins ! Vous avez peur de voir vos objectifs rester à l’étape de bonnes idées ? Vous préférez prévenir plutôt que guérir ?
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